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Les Vertus

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Les souillures mentales sont une conséquence naturelle de l’ignorance de la façon dont les choses sont. De même, les différentes qualités vertueuses sont une conséquence naturelle de voir les choses clairement. En conclusion : l’effort pour “abandonner ce qui est malsain et cultiver ce qui est sain” a comme thème principal le développement d’une stabilité et clarté d’esprit qui permettent alors la perception sans distorsions de la façon dont les choses sont. Celui qui sait rester longtemps assis immobile comme une statue mais agit avec suffisance, se moque des autres et est indifférent aux souffrances des êtres sensibles, celui-là a perdu le nord bouddhiste. Des qualités telles que la patience et la retenue des sens, l’humilité et la gratitude, la bonté et le contentement s’épanouissent naturellement avec le progrès de notre pratique de sīla, samādhi, paññā. Les vertus apportent de la joie dans nos vies, mais en plus elles sont la preuve que nous sommes sur la bonne voie. Ajahn Jayasār

"Sati" au quotidien

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  L'un des principaux sens du mot "sati" est "garder à l'esprit" ou "ne pas oublier". Par exemple, nous pourrions être attentifs à éviter certains sujets lorsque nous discutons avec une personne adepte des théories du complot. Sinon, nous risquons de devoir supporter qu'un ami disparaisse pendant un certain temps et soit remplacé par un interlocuteur d'un sérieux effrayant. Il faut toujours garder à l'esprit que nous ne pouvons pas lire les pensées des autres. (Il est en fait possible de le faire, mais je suppose ici que mes lecteurs ne font pas partie de l'infime minorité qui en est capable). Trop souvent, les gens supposent que non seulement ils connaissent l'esprit des autres, mais qu'ils le connaissent mieux que la personne elle-même.  C'est souvent dû à une théorie mal assimilée de l'inconscient. Quelqu'un semble protester trop fort de ne pas aimer quelque chose, et le psychologue amateur conclut qu'en f

Un aspect agréable de la vie monastique

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  Pendant de nombreuses années, j'étais le moine supérieur de Wat Pah Nanachat. Chaque matin de Wan Phra, vers 11 heures, je me rendais à la cuisine du monastère. C'est là que beaucoup de villageois âgés passaient la journée. En fin de matinée, certains lisaient, d'autres balayaient les feuilles. Certains mâchaient des noix de bétel, d'autres faisaient la sieste. Quelques-uns méditaient. Lorsqu'elles me voyaient approcher, les dames les plus âgées envoyaient l'un des hommes me chercher une chaise, et elles m'offraient le verre de jus de fruit fraîchement pressé qu'elles avaient préparé. Tout le monde abandonnait ce qu'il faisait et se rassemblait. Il y avait un peu d'enseignement du Dhamma, mais c'était surtout un moment de conversation et de retrouvailles. Je leur racontais ce qui s'était passé au monastère au cours de la semaine écoulée ; ils me tenaient au courant de ce qui se passait dans leur monde. Je connaissais la plupart de ces p

Piment et gratitude

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  J’ai longtemps été le moine principal de Wat Pah Nanachat. Une fois par semaine, le huitième et le quinzième jour de la lune croissante et décroissante, les fidèles laïcs du monastère demandaient les huit préceptes et passaient la nuit au monastère. La séance, qui durait toute la nuit, commençait à 19h par une heure de méditation assise suivie d’un temps de psalmodie. Vers 21h 30 je commençais un enseignement sur le Dhamma pour les méditants laïcs qui durait en général une heure et demie, quelques fois plus. De temps en temps, mon discours était une 'réprimande des souillures' où j’utilisais une façon de parler très forte et très directe, un style pour lequel Ajahn Chah et ses disciples étaient bien connus dans cette partie du pays. À la fin d’un tel exposé, un membre du comité des laïcs du monastère s'est approché de moi. Il s’est prosterné très ému et m’a dit : “ Quel superbe discours. Tellement piquant! C’est allé jusqu’au chilli et au gingembre. Très, très pénible à é

Un état de vigilance détendue

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L'une des compétences de vie que nous apprenons grâce à la pratique formelle de la méditation est la manière de maintenir un état de vigilance détendue, ou de relaxation alerte. En se concentrant sur un objet de méditation tel que la respiration, l'esprit ne peut se libérer des obstacles que lorsqu'il est dans cet état. L'apparition d'entraves telles que la tension ou la somnolence est un signe que notre attention est trop tendue ou trop lâche. La pleine conscience ininterrompue indique que notre saisie de l'objet est juste. Pour illustrer la qualité de l'effort nécessaire, on peut prendre l'exemple d'un petit oiseau que l'on tient dans sa main : trop serré, il souffre ; trop détendu, il s'envole. L'esprit est détendu, mais pas au détriment de l’attention. L'esprit est confortablement, naturellement alerte.  Une fois que nous nous sommes familiarisés avec cet état de vigilance détendue, nous pouvons l'intégrer dans notre vie quoti

L'attachement aux opinions

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L'un des objectifs de la pratique bouddhiste est d'abandonner l'attachement aux points de vue et aux opinions. Pour ce faire, nous commençons par nous interroger sur nous-mêmes : quelles sont les croyances et les hypothèses de base qui constituent le fondement de mes points de vue et de mes opinions ? Quelle est leur solidité ? Sont-elles falsifiables ? Quelle confiance dois-je leur accorder ?  De nombreuses personnes intelligentes tombent dans le piège de ne s'intéresser qu'à la qualité de la logique qui les a menées à leurs conclusions. Lorsqu'elles sont convaincues que chaque étape de leur logique est irréprochable, elles sont persuadées que leur position doit être correcte. Elles négligent le fait que si leur prémisse initiale est fausse, cette logique, aussi impeccable soit-elle, est compromise. Tout au long de l'histoire de l'humanité on trouve d’étonnants édifices logiques construits sur la base de croyances superstitieuses. Continuez donc à cherc

Faire part et recevoir des commentaires

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  Pavāranā est un pilier central du monachisme bouddhiste. Il constitue l'un des principaux mécanismes de contrôle et d'équilibre intégrés par le Bouddha dans le Vinaya afin d'éviter que l'organisation hiérarchique du Sangha ne devienne trop rigide. Pavāranā est la pratique qui consiste à faire part et à recevoir des commentaires. Elle est formalisée par une cérémonie annuelle. Au cours de cette cérémonie, chaque moine demande formellement à tous ses confrères de lui faire des admonitions s'ils l'ont vu, entendu ou soupçonné de se comporter de manière inappropriée. L'aptitude à donner et à recevoir ce genre de commentaires est l'une des compétences sociales les plus importantes que les moines doivent apprendre à maîtriser. Vénérable Sariputta, l'un des deux principaux disciples, est vénéré comme le meilleur exemple d'un moine véritablement ouvert à l'écoute et à l'appréciation de ce genre de commentaires. On raconte qu'à une occasion,

L'intégrité

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  Certaines personnes suivent leurs principes jusqu’au bout, même au détriment d’avantages matériels pour eux-mêmes ou plus dur encore à supporter, pour leurs familles. En leur montrant que c’est possible, ces personnes sont une source d’inspiration pour d’autres dans leur lieu de travail et gagnent beaucoup de mérite. Elles prouvent la faiblesse d’un argument intéressé qui nous fait croire que le seul moyen de survivre dans un environnement corrompu est de suivre le mouvement. Récemment, une de mes étudiantes m’a parlé avec affection de son père. Elle m’a raconté qu’enfant, elle se sentait parfois frustrée par son honnêteté scrupuleuse. Il avait droit à une voiture officielle liée à son rang, mais il ne la conduisait jamais lorsqu’il n’était pas en service. Les pères de ses amies, tous d’un rang inférieur à celui de son propre père, transportaient toujours leurs filles dans de belles voitures, alors qu’elle devait se contenter de rouler assise à l’arrière de la moto de son père. Un jo

Le miracle de l'instruction

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  Le Bouddha identifia trois types de pouvoirs miraculeux (pāṭihāriya) : (i) le miracle des pouvoirs psychiques tels que marcher sur l'eau ou voler dans les airs ; (ii) le pouvoir de lire les pensées ; (iii) le miracle de l'instruction. Il indiqua qu'un grand nombre de ses disciples étaient dotés de ces trois pouvoirs. Il déclara que, de ces trois pouvoirs, il considérait celui de l'instruction comme étant le plus grand. Le commentaire explique le raisonnement du Bouddha : alors que les deux premiers pouvoirs peuvent ou non mener à une augmentation du bien-être et du bonheur des êtres sensibles, par sa nature même, le troisième les conduit vers ce but. L'enseignement qui conduit à une transformation intérieure de l'étudiant est un véritable prodige parce qu’il est si difficile à réaliser. Comme l'observa le Bouddha, les gens sont enchantés par l'attachement, la vanité, l'excitation et l'ignorance ; ils s'en réjouissent. Pourtant, lorsqu'u

Comment remplir une passoire d'eau

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  Dans une histoire ancienne, un maître emmène ses disciples au bord de la mer. Il donne à chacun une passoire et leur dit de la remplir d’eau. Les disciples se regardent l’un l’autre : la tâche est impossible. Par respect pour leur maître, ils essayent de leur mieux. Après un temps, ils s’avouent vaincus. “ Maître, pardonne-nous, “ disent-ils, “mais ce n’est pas faisable. ” Sans un mot, le maître s’empare d’une des passoires et la jette dans la mer. Alors qu’elle coule, les disciples voient qu’elle se remplit d’eau.  Un maître contemporain, Ajahn Chah, disait souvent à ses disciples : “ Donnez votre cœur au Dhamma, ne donnez pas le Dhamma à votre cœur. “ Le maître ancien et le contemporain font la même constatation : ne laissez pas vos positions et vos préjugés, vos désirs et vos peurs influencer votre pratique du Dhamma. Ne choisissez pas parmi les enseignements ; c’est un tout.  Essayer de pratiquer le Dhamma tout en s’accrochant fermement à certaines souillures mentales qui nous so

Memento Mori

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  Dans les salles du Dhamma de nombreux monastères de la forêt thaïlandais, un squelette humain est exposé. Il sert de memento mori et d'aide à la visualisation pour les méditants qui pratiquent la contemplation du corps. Un jour, des visiteurs venus de Bangkok furent choqués de se trouver face aux squelettes de Wat Pa Pong. Ajahn Chah, souriant, leur demanda s'ils se rendaient compte que chacun d'entre eux transportait l'une de ces choses effrayantes avec eux, où qu'ils aillent.  Dans la pratique du Dhamma, nous examinons la nature du corps afin d'éliminer toutes les fausses croyances et hypothèses auxquelles nous nous accrochons et qui nous causent tant de souffrances inutiles. Dans la méditation en marche, chaque fois que le talon entre en contact avec le sol, nous pouvons observer les sensations qui partent de l'os du talon, passent par les os des jambes, la colonne vertébrale et aboutissent au crâne. Le mot pāli pour os, aṭṭhī, peut être utilisé comme m

Vedanā : la saveur de notre expérience

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Qu'est-ce que vedanā ? Vedanā est généralement traduit par "sensation". Mais comme le mot "sensation" est utilisé de plusieurs façons, l'employer dans ce contexte risque autant d'obscurcir le sens que de le révéler. Par exemple, lorsque nous disons "je me sens excité" ou "je me sens anxieux" ou "je ressens une sensation", nous utilisons "sentir" pour signifier l'expérience. "Je me sens excité" signifie "je ressens de l'excitation". Mais vedanā ne signifie pas expérience. Vedanā fait référence à la tonalité de l'expérience positive, négative ou neutre ; agréable, désagréable ou ni l'une ni l'autre. Nous pouvons également faire une analogie avec la saveur. Supposons qu'il n'y ait que trois saveurs : le sucré, l'amer et le fade. Chaque fois que l'on mange quelque chose, on s'aperçoit qu'il s'agit de l'une de ces trois saveurs. De même, dans la pra

Attachement aux rites et aux règles

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  Sīlabbataparāmāsa est généralement traduit par "attachement aux rites et aux règles". Il s'agit de l'une des trois "entraves" (samyojana) qui lient les êtres à la souffrance et qui sont abandonnées par la personne qui est entrée dans le courant. De nombreux pratiquants sous-estiment cette entrave. Ils peuvent même y voir un laissez-passer, croyant qu'ils n'ont jamais été attachés aux règles et aux rites en premier lieu. Mais cette confiance provient d'une mauvaise interprétation du terme. En fait, cette croyance est basée sur une mécompréhension cruciale de la causalité. Il s'agit de la croyance selon laquelle une certaine pratique spirituelle peut, en soi, conduire à la libération, indépendamment des autres facteurs de la voie, en particulier la Vue Juste. Dormir peu, parler peu, ne manger qu’un seul repas frugal par jour, observer strictement les préceptes, réciter certains textes chaque jour, méditer un certain nombre d'heures chaque

Investigation

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Notre investigation du corps et de l’esprit ne part pas d’une table rase. Notre position de départ est l'identification. De manière instinctive, nous voyons tout à travers un filtre de 'moi' et de 'mien'. Pour y remédier, nous devons apprendre à voir le corps en tant que corps, les ressentis en tant que ressentis, les états mentaux en tant qu’états mentaux, les pensées en tant que pensées, la conscience des sens en tant que conscience des sens.  Pour cela, développer une présence stable de la pleine conscience par la méditation est notre outil principal.  Mais nous avons aussi besoin de poursuivre cet effort dans la vie de tous les jours. Commencez avec le corps : voyez les cheveux comme simplement des cheveux, les ongles comme des ongles, les dents comme des dents, la peau comme de la peau. À des moments appropriés, entraînez-vous à examiner votre propre corps et d’autres corps de cette façon. Voyez la salive dans la bouche comme de la salive, le mucus dans les nar

Sortir du piège de la sensualité

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Imaginez que vous mangiez un plat après l'autre d’une nourriture très riche et grasse puis que vous buviez un verre d'eau de source fraîche. Quel délice !  Si nous ne connaissons que les joies du plaisir sensuel, l'idée d'un plaisir non sensuel semble être une contradiction en soi. Comment pourrait-il y avoir du plaisir sans stimulation des sens ? Ce serait certainement une expérience fade, terne et triste. Le monde des sens, avec tous ses hauts et ses bas, ressemble à la vie elle-même. Un monde dépourvu de tout ce drame ressemble à la mort. En fait, le plaisir non sensuel que l'on peut éprouver grâce à la méditation est comme un verre d'eau de source fraîche après les plaisirs riches et gras des sens. Le plaisir sensuel nous enivre et nous affaiblit ; le plaisir non sensuel nous sensibilise à des vérités simples et nous donne du pouvoir.  Nous n'avons pas toujours besoin d'obtenir quelque chose, de consommer quelque chose, de devenir quelque chose ou qu

L'importance de la lecture

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  Adolescent, les livres m'ont fait entrer dans le monde des adultes. Cela a commencé avec Shakespeare. Il m'a appris à considérer les défis moraux dans un contexte psychologique plutôt que doctrinal. Tolstoï m'a amené à regarder les événements en termes de flux complexes de causes et de conditions. À seize ans, j'ai découvert les romans de Hermann Hesse. "Siddhartha” a allumé un feu en moi. J'étais déterminé à me rendre en Inde dès la fin de mes études secondaires. Mais ce sont les œuvres d'Alan Watts qui m'ont le plus inspiré. J'ai commencé à lire "La voie du Zen" sur le banc d’un parc à Cambridge et j'ai été tellement captivé que j'ai failli rater mon bus pour rentrer chez moi. Même les titres de ses livres étaient merveilleux : "The Wisdom of Insecurity" (traduction : La sagesse de l’insécurité, titre en français : Eloge de l’insécurité) était l'un de mes préférés. Dans les années 70, le bouddhisme Theravada était

Les Nutriments des Cinq Obstacles

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  À une occasion, le Bouddha donna un discours aux bhikkhus sur les nutriments nécessaires à l'apparition des entraves mentales qui n'ont pas encore surgi et à l'augmentation de celles qui sont déjà présentes. Dans ce discours, il souligna le rôle fondamental joué par "ayoniso manasikāra", la manière malavisée avec laquelle l'esprit non protégé se rapporte aux phénomènes physiques et mentaux. Le Bouddha enseigna que dans le cas de la première entrave, le désir sensuel, le nutriment est l'attention fréquente et peu judicieuse portée aux perceptions d'attractivité.  Dans le cas de la deuxième entrave, la malveillance, le nutriment consiste à accorder une attention fréquente et peu judicieuse aux perceptions de ce qui n'est pas attrayant.  Pour la troisième entrave, la paresse et la torpeur, le nutriment consiste à accorder une attention fréquente et peu judicieuse aux "sentiments de mécontentement, à la léthargie, aux étirements paresseux, à la

Soigner ses Maux

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Le Bouddha fut Le grand médecin. Il diagnostiqua dukkha, notre maladie chronique et révéla sa cause dans les désirs qui naissent de l'ignorance des vérités de notre existence. Il proclama que notre maladie était guérissable et il prescrivit l'Octuple Sentier comme le médicament qui produirait la guérison. Il ne l'administrait pas de force. Il savait qu'il ne serait efficace que s'il était pris volontairement. Mais grâce à sa grande sagesse et à sa compassion, le Bouddha réussit à guérir un grand nombre de personnes, hommes et femmes. Ce faisant, il prouvait que son diagnostic était correct et que la guérison était réelle. Au fil des siècles, les personnes qui utilisaient la médecine du Bouddha et se sont guéries servaient d'exemple et d'inspiration aux êtres souffrants qui cherchaient à se libérer de leur fardeau. C'est ainsi que nous nous tournons vers le Bouddha, le plus grand des guérisseurs, pour trouver refuge. Nous nous tournons vers le Dhamma, la

La longanimité est l’incinérateur suprême de la souillure mentale

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  Lors de la première pleine lune de février (Māgha) suivant son éveil, le Bouddha prononça un discours devant 1250 arahants. Ce discours, connu sous le nom d'Ovāda Pātimokkha, résume les principes fondamentaux du Buddhadhamma et fournit ainsi à son auditoire une sorte d'aide-mémoire. La plupart des arahants entreprirent ensuite de propager le Dhamma dans différentes régions de l'Inde. La récitation régulière de l'Ovāda Patimokkha a maintenu une harmonie de base entre les différentes expressions du Dhamma qui ont évolué. Il est intéressant de noter que, parmi toutes les vertus que le Bouddha aurait pu choisir comme incinérateur suprême de la souillure mentale, il sélectionna la longanimité (Khanti). Il est très difficile de permettre à ce qui est inévitablement désagréable d'être ce qu'il est, sans s'efforcer de le détruire, de s'en débarrasser ou de le contrôler. Il est encore plus difficile d'empêcher l'esprit de se mettre en colère, d'être

Le sens profond de la vacuité

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  Dans le bouddhisme Theravadā, la vacuité n’est pas une entité métaphysique. Ce n’est pas une expérience qu’il faut vivre, il s’agit simplement d’absence. Par exemple, la Thaïlande est vide d’icebergs. La forme de vacuité la plus profonde est l’absence d’attachement à des idées de ‘moi’ et de ‘mien’. ‘Lâcher prise’ ne consiste pas à délaisser quelque chose, ce qui est un abandon, qui sera judicieux ou ne le sera pas selon le contexte et notre intention. Dans la pratique du Dhamma, ‘lâcher prise’ veut dire lâcher prise des pensées de ‘moi’ et de ‘mien’ qui se manifestent durant une activité ou une relation avec autrui.  Certains textes religieux disent que le monde fut créé par une déité il y a quelques milliers d’années. La plupart des textes scientifiques font remonter l’origine du monde au big bang. Selon le bouddhisme, le monde se crée à chaque instant oủ des pensées de ‘moi’ et de ‘mien’ surgissent dans l’esprit. Renoncer à prendre un quelconque refuge dans des pensées de ‘moi’ et

Soyons sur nos gardes

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  Lorsqu'ils commencent à étudier une nouvelle langue, les étudiants y découvrent généralement des sons qui n'existent pas dans leur langue maternelle. S'ils sont consciencieux, ils s'efforcent d'apprendre à prononcer ces sons, mais les sons difficiles ne sont pas toujours la cause la plus fréquente d'erreurs de prononciation (et donc de mauvaise communication) dans la nouvelle langue. Les erreurs de prononciation les plus négligées, celles qui s'améliorent rarement avec le temps, ont tendance à se produire lorsque les étudiants trouvent des sons similaires à ceux qu'ils connaissent. Ils supposent que le son étranger est fondamentalement le même que celui qu'ils connaissent et le prononcent comme tel. D'autres pensent que même s'il y a une légère différence, elle est insignifiante et peut être ignorée. Lorsque les étudiants viennent au bouddhisme depuis d'autres religions et cultures, ils découvrent des concepts nouveaux et difficiles. S&

L'amour sans objet

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  Par un soir de froid glacial dans la campagne anglaise, je me trouvais assis près d’un bon feu avec des amis à regarder la télévision. J’avais 19 ans. Tout d’un coup, j’ai senti une vague d’amour presque irrésistible me traverser. Il y avait une raison évidente à cela : mon bras enlaçait ma petite amie de l’époque, une jeune femme qui m’avait dit à de nombreuses occasions qu’elle était amoureuse de moi. Mais je revenais juste de ma première retraite de méditation de 10 jours et je commençais à apprendre à ne pas tirer de conclusions hâtives. Pour une raison ou une autre, je comprenais que ce sentiment n’était pas lié à la jeune femme à côté de moi.  Impulsivement, j’ai essayé de projeter ce sentiment vers la soeur de ma petite amie qui était en face de nous, et je pouvais le faire. Ensuite, j’ai essayé de le projeter vers son copain, et j’y parvenais aussi. Ensuite, j’ai projeté ce sentiment vers des fleurs qui se trouvaient dans un vase sur la table, et finalement, vers la télévisio

Sans foi aveugle, sans rejet aveugle.

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  À l'époque du Bouddha, un certain dragon (nāga) fut inspiré par les enseignements et prit forme humaine afin de devenir moine. Mais lorsque son corps reprit sa forme originelle durant son sommeil, la supercherie fut découverte et son ordination fut annulée. Le nāga, déçu, accepta la décision avec grâce. À la suite de cet incident, l'entretien rituel avec le candidat lors de la cérémonie d'ordination fut modifié pour inclure la question suivante : "Êtes-vous un être humain ?" En Thaïlande, en signe de reconnaissance de la foi des dragons, les laïcs en robe blanche qui se préparent à l'ordination sont appelés nāgas. On trouve dans les textes bouddhistes de nombreux types d'amanussās (êtres non humains). Pour la majorité des bouddhistes modernes, ces références peuvent être déconcertantes. Ces êtres semblent appartenir au domaine de la mythologie. Heureusement, l'existence des amanussās n'est pas un article de foi pour les bouddhistes, car le bouddh

Remédier au manque d’attention

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  Oublier ses lunettes ou les clés de la voiture peut être ennuyeux et vous faire perdre du temps, mais cela n’a pas d’impact majeur sur la qualité de la vie. Oublier ses principes, ses valeurs et aspirations spirituelles est beaucoup plus grave. Dans les enseignements du Bouddha, ce genre d’oubli est appelé ‘pamāda’ ou ‘manque de réflexion’. Dans le sens bouddhiste, la pleine conscience n’est pas seulement une connaissance claire et sans jugement du moment présent, mais veut dire garder en tête ses principes, ses valeurs et aspirations spirituelles sans les oublier, ne serait-ce qu’une seconde.  Voici une technique simple pour éviter la distraction dans la vie de tous les jours : dès que vous ressentez l’envie de saisir votre smartphone, arrêtez-vous. Que cela soit pour prendre un appel, vérifier vos courriels ou les réseaux sociaux, arrêtez-vous.  Inspirez profondément trois fois en pleine conscience.  Puis, prenez votre smartphone.  Avec ce moyen simple, la pleine conscience s’établ

La douleur et la souffrance sont deux choses différentes

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  Il est impossible pour un état mental malsain de coexister avec un état mental sain. C'est pourquoi le moyen le plus simple d'éliminer de l'esprit un état mental malsain est simplement de le remplacer par un état sain opposé. Les états mentaux malsains tels que l'agitation, la peur, l'anxiété, la colère, la dépression, l'apitoiement sur soi-même, sont déclenchés par la douleur physique. Pour un esprit non-entraîné, ces états mentaux malsains semblent faire partie de la douleur elle-même. Mais lorsque nous générons des pensées d'amour bienveillant, d'acceptation inconditionnelle de notre expérience actuelle, toutes les manières dont se manifeste la non-acceptation peuvent disparaître. Bien qu'une certaine douleur physique subsiste, une merveilleuse découverte a été faite : douleur et souffrance sont deux choses différentes.     Ajahn Jayasāro 03/02/24

Méditer malgré tout

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Un moine qui se promenait dans la campagne thaïlandaise décida de passer la nuit sur une colline, à quelques kilomètres d'un village où il avait l'intention de se rendre le lendemain matin pour demander l'aumône. C'était un endroit isolé et paisible. Il pensait qu'il convenait parfaitement à la pratique de la méditation. Mais la paix fut de courte durée. Vers huit heures, une musique forte résonna sur la colline depuis le village où une fête quelconque s’y déroulait. Des chants bruyants étaient accompagnés d'un rythme de tambour fort et insistant. Le moine se leva calmement de son siège et commença à pratiquer la méditation marchée. En marchant d'avant en arrière, il conçut un mantra qui se superposait au son des tambours : tam dee dee, dy pon dee dee ; tam dee dee, dy pon dee dee (faites-le bien, obtenez de bons résultats ; faites-le bien, obtenez de bons résultats). Le son dérangeant ne le dérangeait plus. Il faisait désormais partie de sa méditation. Ajah